.
A la question: « Si victimes comme bourreaux ont chacun des failles narcissiques, qu’est ce qui fait que certaines personnes prennent la voie du comportement pervers narcissique et d’autres celle de la victime? »
Gérard-Yves Cathelin[1], psychanalyste et addictologue nous répond:
.
Je reprendrai de mémoire cette phrase de Gaston Bachelard dans son livre l’Intuition de l’instant[2]: » Nous ne sommes que la somme des instants de notre passé. »
Cette somme d’instants peut être transgénérationnelle, c’est à dire que nous portons en nous l’histoire de nos ancêtres. De ce fait, nous pouvons choisir d’être en résilience[3], c’est à dire nous délivrer du poids de notre passé et d’en garder l’enseignement. Mais si nous n’y parvenons pas, nous portons en nous cet héritage, positif et négatif, et nous allons nous identifier à des personnes de notre entourage au sens large du terme et plus particulièrement à nos parents, mais pas seulement.
N’oublions pas ces phrases qui peuvent induire nos comportements psychologiques: » Tu as les mêmes gestes ou les mêmes paroles que … », « Tu ressembles comme deux gouttes d’eau à ton frère, ton oncle, ta grand-mère… ». Ces phrases peuvent amener à adopter inconsciemment un comportement positif ou à l’opposé, de type pervers ou victime. L’enfant peut également entendre des phrases comme celles-ci: « Ne soit pas comme ta mère, une victime! ». En entendant ces phrases, l’enfant peut se révolter et être prédateur pour autrui ou bien devenir lui-même « victime ».
Mais une personne consciente peut aussi choisir de mettre en route sa pensée pour se dégager des deux oppositions!
L’identification s’effectue dès le plus jeune âge. N’oublions jamais qu’un fœtus ressent et imprime toutes les émotions maternelles et, vers ses 8 mois, comprend la tonalité des mots perçus par ses deux parents. De ce fait, l’identification commence vraiment avec les deux parents. Alors oui, les parents et les ancêtres ont une répercussion sur notre vécu d’adulte.
Selon Gérard-Yves Cathelin, pervers narcissiques et victimes sont complémentaires. Les deux ont besoin l’un de l’autre. Je pense, dit-il, qu’ils se ressemblent par leurs failles et leurs fragilités narcissiques. Ce sont les deux faces une même pièce. Tant que la conscience de la dynamique relationnelle n’amène pas un désir personnel de changement, ces personnes ne peuvent pas vivre l’une sans l’autre. Ce sont comme des aimants qui restent formatés par leurs passés carencés et troublés.
Comme le dit si bien Gérard-Yves Cathelin, cette » Aimance mortifère » nourrit la vie des victimes et des pervers-narcissiques!
Le docteur Ariane Giacobino[4], généticienne de l’Université Médicale de Genève, fait des recherches qui nous apprennent que les syndromes de stress post-traumatiques consécutifs aux stress intenses, amènent des modifications chimiques du génome et en affecte l’expression, sans pour autant en modifier la séquence. Il semble que cette modification perdure de génération en génération. Gérard-Yves Cathelin, le 4 octobre 2017 Tout cela mérite réflexion…. Texte écrit par Gérard-Yves CATHELIN . © Toute reproduction, même partielle est interdite sans l’accord de l’auteur Gérard-Yves Cathelin [1] Gérard-Yves Cathelin – addictologue et psychanalyste – http://cathelin-psychotherapeute.com [2] Gaston Bachelard né en 1884 et décédé en 1962. Il est agrégé de philosophie et a enseigné à la faculté des Lettres de Dijon en 1930, puis la Sorbonne en 1940. Il a écrit L’intuition de l’instant en 1932. [3] Résilience: En psychologie, la résilience est la capacité à vivre, à réussir, à se développer en dépit de l’adversité. [4] Ariane GIACOBINO est médecin agrégé, généticienne, Service de médecine Génétique, Hôpitaux Universitaires de Genève. Elle est l’auteur de: « Un traumatisme dans l’origine : l’enfant issu de l’inceste. » – « Filiations et affiliations entre génétique et clinique : la production de la différence. » – « Construire ou déconstruire une identité génétique » – https://revuelautre.com/auteur/arianegiacobino/ Geneviève Schmit, experte dans l’accompagnement des victimes de manipulateurs pervers narcissiques. J’aurais grand plaisir à lire vos interventions sur le
28 août 2017
Psychanalyste, addictologue et psychothérapeute à Château Thierry (02) et La Ferté-sous-Jouarre (77)
Facebook qui vous est dédié: Soutien.Psy
5 Commentaires
ce qui me dérange, c’est le mot « choisir ». Quand on sait que la perversion s’installe dès la plus petite enfance, 5 ou 6 ans, dire qu’on peut choisir est une ineptie. D’ailleurs, si le PN avait le choix, il aurait sans doute choisi une autre voie. Si tout est transgénérationnel, alors le choix même l’est. Qu’on soit dépendant ou pn, la base est la même oui, sauf que dans le cas du DA, il est scotché au passé alors que le PN a clivé et coupé (mais reste néanmoins cloué au passé sauf qu’il n’en a plus conscience). Mais les deux ont la même rage, la même colère, le même sentiment d’inexistence, d’abandon, de rejet etc. L’un n’a pas choisi la droite et l’autre la gauche, chacun a fait en fonction du plus simple, mais les deux sont en rupture de réalité de toute façon. J’ai été une DA en relation avec un psychopathe (pas un pn), et bien je peux dire que ça a été mon miroir absolu. Ce qui nous différencie ? lui tue, moi pas et pourquoi ? parce que j’ai de l’empathie, lui pas, c’est tout ! Et pourquoi moi j’ai de l’empathie et pas lui ? parce que j’ai subi l’ultra abandon, je n’ai pas eu à me battre contre le reste du monde, il n’y avait personne autours de moi. Lui en revanche a eu une famille, un père violent et une mère surprotectrice. Moi je n’ai pas mis assez de protections, lui s’est surprotégé. Et le résultat devient alors environnemental et ne relève en rien du libre arbitre.
La « choix » se fait à chaque pas. Il peut se faire à l’age adulte aussi …
Ma fille âgée de 42 ans est sous l’emprise d’un pervers narcissique manipulateur .Mariee ,puis divorcée et mère de 3 enfants (18,15 et10 ans)elle est tombée sous le »charme »
d’un individu qui est rentré en conflit avec les deux aînés et très vite ils ont été expulsés du milieu familial.
Comment ce débarrasse e de ses malades ?
Il est tantôt gentil et tantôt fou à dire de s AA les choses sur mon entourage
C très dur à vivre
Bonjour, On ne peut « se débarrasser de ces malades » pour reprendre vos mots, mais on peut s’en éloigner.
Prenez des choix justes pour VOTRE vie.
Bon courage, Geneviève Schmit