Triangle relationnel dramatique de Karpman
Le triangle dramatique, ou Triangle de Karpman est une figure d’analyse transactionnelle proposée par un psychologue américain, Stephen Karpman, en 1968. Cette analyse met en évidence un jeu de rôle, un scénario relationnel typique entre victime, persécuteur et sauveur (ces rôles étant symboliques, une même personne peut changer de rôle).
La victime du manipulateur pervers évolue tour à tour dans les différents rôles relationnels qu’a définis Karpan dans son « Triangle Dramatique »: persécuteur – sauveur – victime.
1/ Dans un premier temps, la proie recherche inconsciemment une personne qui peut l’aider, la soutenir, dans une période difficile de sa vie. Le manipulateur se positionne idéalement en « sauveur » d’une proie qui se trouve en position de demande affective et donc de « victime » dans le Triangle de Karpman.
La proie pourra attirer son bourreau en exprimant le besoin d’être aidée dans cette période de vie personnelle ou professionnelle délicate.
Par ce comportement naturel, elle alertera le sixième sens du prédateur qui viendra immédiatement de se positionner en tant que « sauveur » idéal par sa perfection apparente.
En répondant à sa demande, il provoquera chez sa victime un mécanisme pervers qui passe par un sentiment de reconnaissance qui peut la piéger dans un lien dont elle ne pourra se défaire.
2/ Ensuite vient la période où la proie se sent investie par le désir de « sauver » le manipulateur, non encore révélé comme tel, de la souffrance qu’il exprime.
La proie devient « sauveur » d’un manipulateur qui se positionne en tant que « victime« , ou personne dans la demande, dans le besoin.
Le manipulateur saura brillamment parler de son enfance douloureuse, de ses blessures, de ses espoirs et désespoirs qui vont immanquablement attendrir la proie en demande de jouer le rôle valorisant de « mère Térésa » ou de « Saint Bernard« .
En laissant son hyper empathie brouiller sa conscience, elle pensera peut être agir de manière humaine, aimante, généreuse alors même qu’elle ne fera que répondre à son besoin inconscient bien que déjà bien marqué de retenir à elle l’individu dont elle est devenue addict sans le savoir.
En le « sauvant« , elle crée un lien puissant et inconscient qui la protège du sentiment d’abandon. En effet, au travers de son propre mécanisme de valeur elle ne peut imaginer que la personne qu’elle aide et soutien avec tant de cœur puisse l’abandonner.
3/ Ensuite, durant les crises découlant irrémédiablement de la relation d’emprise perverse et des tensions que ni le manipulateur pervers, ni son souffre-douleur ne peuvent gérer, la proie devient un « persécuteur » pour le manipulateur qui se pense « victime » de la menace d’être dévoilé. La panique intérieur qui l’anime le posera effectivement à poser des actes dignes des plus grands terroristes.
4/ La dernière étape voit la violence primitive du prédateur fondre sur sa proie qui revendique légitimement la position de « victime » d’un « persécuteur » cette fois bien défini pour elle.
Le manipulateur se trouve nommé comme « bourreau » ou « persécuteur » pour une proie qui se trouve elle-même piégée dans le rôle de « victime » du Triangle relationnel dramatique ou Triangle de Karpman: persécuteur – sauveur – victime, ou inversement, suivant la position de celui qui observe.
Au travers de son filtre de lecture, le bourreau estime être « victime » d’une proie ingrate et délirante qui n’a qu’une idée en tête: lui nuire. Ce qui d’ailleurs n’est pas loin d’être vrai.
Lors de la dernière étape il y a un point de non-retour. Le manipulateur pervers craint pour sa vie, craint pour son mythe, bref, craint d’être dévoilé.
Comme vous pouvez le réaliser maintenant, la proie comme le manipulateur passent tour à tour par tous les stades du Triangle relationnel de Karpamn, ou « Triangle Dramatique » qui porte bien son nom!
Tout est donc une question d’étape dans la relation ainsi que de point de vue.
Impliqué dans l’un ou l’autre de ces rôles, vous êtes enfermé dans un triangle émotionnel qui ne peut se briser que par la conscience de celui-ci et par un travail sur la confiance et l’estime de soi.
Il est essentiel d’avoir conscience de la position que l’on adopte à ce moment précis, afin de s’en libérer.
Seule la conscience et la volonté nous en libère.
Devenant un observateur dynamique, sans jugement ni critique, nous atteignons la neutralité d’un détachement constructif.
La victime attire ce qui lui correspond et ce qui lui manque.
Le pervers narcissique attire ce qui lui correspond et ce qui lui manque.
Persécuteur – Victime – Sauveur, les trois rôles sont piégés dans une recherche constante et inconsciente les uns des autres.
C’est un piège relationnel qui se ferme sur la personne essentiellement à cause de son manque de confiance et d’estime de soi.
Geneviève SCHMIT – 2015
12 Commentaires
Bonjour, je tiens à vous remercier pour ce guide très enrichissant . Je trouve ce site complet et clair ,grâce à vous j’acquiers des connaissances et des armes pour mon futur blog que je prépare à créer. 🙂
Bonjour,
Je voulais juste raconter que je suis maman de deux enfants, ils ont 10 ans d’écart et deux pères différents, je suis avec le père de mon deuxième enfant dans une relation « triangle dramatique », même chose qu’il m’est arrivé avec le père de ma fille (l’aînée). Je suis restée seule 6 ans par peur de reproduir, je suis retombée direct dans une relation toxique après avoir été aidée et suivie.
J’ai l’impression que je ne m’en sortirai jamais, je m’isole, je vois de moins en moins de monde.
Je viens de commencer une thérapie avec un psychologue aide aux victimes.
C’est dure et je me sens très seule pour affronter ça.
Merci pour vos explications très clair sur ces relations. Je ne comprends toujours pas pourquoi je retombe toujours dans ce type de relations.
bonjour, j ai lue qu un pervers narcissique projet sur sa victime son mal être, cela signifie t-il que l état dans lequel ce trouve les victimes d un pervers narcissique , est le même états dans lequel ce trouve le pervers narcissique temps qu il n a pas de proie où qu il n arrive plus à prendre chez l autre sa nourriture ? pourriez-vous m éclairez sur ce point , car les textes dises que sa souffrance est centrée uniquement sur lui, mais quel jore de souffrance? est ce la même que celle qu il inflige à sa victime , dépression, manque de confiance en soit, tristesse ect….merci de votre réponse
Cet article me fait comprendre bien des choses…
Mon problème reste grand, fuir , no contact est suggéré pour se sortir d’une relation perverse.
La mienne était amoureuse et c’est aussi un Collègue .
J’ai rompu voilà 5 mois mais dois le revoir une fois par semaine sur le lieu de mon travail. Relation qui était connue de tous les collègues.
Cela reste douloureux car de plus il me doit une grande somme d’argent
Quand je suis partie j’ai laissé tout ce que j’avais acheté et n’ai rien pu récupérer . Il a exigé que je lui rende les clefs. A chaque fois que je le vois…tout remonte à la surface….
Merci Geneviève de l’aide à la prise de responsabilité dans ce système pernicieux … Depuis les quelques années que je chemine en vous lisant et en échangeant avec vous, et grâce aussi aux autres personnes qui partagent leurs expériences et leurs conseils, j’ai beaucoup appris, beaucoup compris… En tout cas cet article est lumineux ! J’ai bien envie de le partager avec la première femme de mon ex mari …Je la plains terriblement car elle est encore sous influence … après 18 ans de divorce ( 21 ans de séparation!!!!) En discutant avec sa fille , ma belle fille dont je suis proche , et qui sort du déni sur son père , j’ai pu valider que même après notre mariage ( il y a 17 ans ) , quand il se plaignait d’elle à moi, de l’autre côté il lui donnait à mon insu ( conscient .. car je m’en doutais ) des signes subliminaux pour vérifier qu’elle lui était bien soumise encore … non seulement c’était le cas …mais ça l’est encore … elle fantasme même encore sur le fait qu’il puisse venir la voir sur son lit de mort …. Avec moi, il a tenté la manoeuvre pendant 3 mois en continu puis épisodiquement ….Ca avait marché une fois il y a 4 ans …Mais pas 2 ! j’ai choisi de souffrir, de m’arracher le coeur pour me libérer …j’ai eu l’entrainement avec lui de tuer mes émotions et mes désirs ..Au moins que maintenant ça me serve à moi, le temps de me libérer, de me reconstruire et de tourner la page ! les 5 règles tombent à point nommé !
une autre solution ne jamais se positionner en victime sauveur ou persecuteur mais opter pour une position equilibree au croisement ces 3 modes et si l un tire trop a l autre ne pas preter le flanc pour ne pas aller plus vers l un ou l autre de ces modes par reaction.
toujours se positionner au centre de son propre equilibre.
les indiens nous en apprendrais enormement.
etre present a soi meme avant d etre present au autres.
se poser se centrer sur notre propre existence au depart de tout et pas moins pour pouvoir s ouvrir aux autres avec son identite propre.
pas de consession mais du partage.
Bonjour , C’est exactement l’objectif qui découle de la conscience de ce « jeu » relationnel.
Savoir où on se situe, et se positionner dans un meilleur équilibre.
Geneviève Schmit
Oui Valérie en fait, ce sont des règles crées par moi-même que je consulte très souvent pour ne pas retomber dans l’horreur.
En effet après la désintoxication de l’individu et le redressement de la situation matérielle, j’ai eu envie de retrouver un partenaire.
Voici:
Et ainsi passer de victime à victoire .
Résultats:
Apres plusieurs mois, j’ai abandonné l’idée de partenaire tel que je l’imaginais pour envisager d’autres modes relationnels.
En espérant que cela vous a aidé , bien cordialement
Yvette Marie
Un petit message pour tous mes amis du site de Geneviève qui m’ont soutenu pendant ce long travail de sortie de ce triangle dramatique.
« Je suis entièrement rétablie, et ai appris la prudence pour l’avenir. Mes 5 règles de prévention sont consultées régulièrement afin de ne plus jamais connaitre l’horreur. »
Bon espoir à toutes et tous, il faut y croire , on peut sortir de ce triangle et ne plus y entrer. »
Bonjour, pourrais-je savoir où trouver ces 5 règles.
D’avance, merci.
Valérie Cahour