Accompagnement stratégique et psychologique des victimes de violence conjugale et de manipulateurs pervers narcissiques, hommes ou femmes.

Et si c’était moi le pervers narcissique ?

Quand le manipulateur pervers narcissique se cache derrière une « remise en question » …

 

Sur les réseaux sociaux, parfois en consultation, des personnes, hommes et femmes s’interrogent: « Et si en fait, c’était moi le pervers narcissique ? » et se rassurent très vite en affirmant, « Ce qui est surprenant c’est que même les victimes, un jour ou l’autre se posent cette question. »

Le mouvement commun des victimes de pervers narcissique, tel un ultime réflexe de survie, est de s’insurger vigoureusement face à cette question que l’on fait passer pour saugrenue alors même qu’elle est parfaitement légitime. Le raisonnement qu’impose celles ou ceux qui se définissent comme victimes est toujours le même:  » Si tu étais vraiment PN tu n’aurais pas rédigé ce post et ne l’aurais pas formulé de cette façon. Si tu étais vraiment PN, tu ne te remettrais pas en question comme tu le fais. Ne doute surtout pas de toi ! ». Ou encore:  » Un pervers narcissique n’est pas conscient de l’être, il ne se remet jamais en question, donc tu n’en es pas. »
En rassurant promptement, elles se rassurent elles-mêmes. Chapitre clos, c’est sans appel… du moins dans leur esprit.

 

Est-ce réellement si simple ?

 

Que faire alors des manipulateurs pervers qui viennent en thérapie en disant: « Ma femme (ou mon mari), me dit que je suis pervers narcissique. Elle (ou il) m’a fait lire les 30 critères et trouve que j’en ai 28! Pour ma part, je me reconnais effectivement dans certains d’entre eux. Suis-je réellement pervers narcissique comme elle (ou il) le prétend ? » ou encore:  » J’ai beaucoup douté de moi, puis je me suis tellement remis en question que je ne sais plus quoi penser. Alors je pense que j’agis de façon inadéquate ».

 

Que répondre à cela ?

 

Il est à noter que les célèbres  « 30 critères » qui servent constamment de référentiel, sont des critères se rapportant aux « manipulateurs », et non aux « pervers narcissiques ». De plus, suivant les périodes de vies, les situations, et état d’être, tous, un jour ou l’autre, pouvons prétendre avoir plus des 14 critères requis pour être tatoué « manipulateur ». Par ailleurs, si on applique cette grille d’analyse à celui ou celle que l’on est en train de quitter, la colère et le désarroi aidant, il y a fort à parier qu’il ou elle entre également dans cet incontournable classement qui sanctionne sans appel, et certainement avec un score non négligeable!

 

Le pervers narcissique, du fait même de son fonctionnement, cherche à attirer à lui la sympathie, l’attention, et, si pour y arriver il est momentanément utile de poser « naïvement » cette question, « Suis-je pervers narcissique? » il le fera sans le moindre scrupule.

Les bénéfices de ces inversions des rôles sont multiples: Susciter l’intérêt d’une cour de victimes empressées de revêtir leurs capes de « sauveurs » pour voler à son secours. Il tentera alors de créer un lien privilégié avec l’une ou l’autre d’entre elles pour en faire des proies potentielles. C’est pour lui un réel délice, comme un biberon de lait chaud qui vient le nourrir. Attirer l’attention sur lui, se victimiser, demander de l’aide, lui permet de se narcissiser, d’observer et de s’inspirer du fonctionnement et de l’attente des victimes tout en se délectant de leur nectar. Il vient s’instruire pour mieux imiter, cela lui sera toujours utile …

Mais il peut aussi poser cette question d’identité pour s’amuser. « Lorsque je m’immisce dans des groupes de victimes, je m’y trouve comme dans une cours de récréation. C’est un ravissement de voir toutes ces femmes pour la plupart, réagir comme « un seul homme » pour venir me consoler. Je m’amuse réellement de la crédulité de ces personnes en mal de reconnaissance. »
Il peut venir pour espionner, pour voir de près ce que qu’on peut dire de lui, ou d’elle. Il vient même pour ramener à sa proie les « preuves » et des arguments qui le disculperont de la terrible accusation d’être un « PN »…

Pour formuler, mimer une empathie, les pervers narcissiques savent le faire bien mieux qu’une victime qui elle, se trouve plongée dans le bouillon de ses émotions contradictoires.

Ces multiples raisons, et d’autres encore, animent le manipulateur pervers narcissique qui fera sur les réseaux sociaux ce qu’il fait le mieux: jouer un rôle !

Il est chimérique de croire que l’on puisse déceler l’intrusion d’un manipulateur pervers un peu doué, par quelques échanges sporadiques, ou même soutenus, dans les réseaux sociaux. Le pervers narcissique est dans son élément, celui du paraître, du mensonge, de l’illusion. Il dispose de sa meilleure arme, son arme fatale: le blabla. De plus, il active habilement, et s’amuse des failles des tous ceux et celles qui constituent ces groupes, l’hyper empathiques et la capacité démesurée à croire ce qui leur est habilement présenté.

Le manipulateur pervers sait brillamment exploiter la plus grande faiblesse de la victime: apporter du crédit aux mots bien plus qu’aux faits qui, de toute manière, ne lui sont pas accessibles dans le contexte des réseaux sociaux. A ce jeu, il est imbattable!

La victime, comme le pervers-narcissique, apporte beaucoup trop d’importance à ce qui se dit, au détriment de ce qui est fait.

S’il n’est pas dans un jeu d’usurpation conscient et volontaire, il est dans une « identification projective », ce qui le rend plus redoutable encore. Il croit ce qu’il affirme être. Il n’est plus conscient de ce qu’il est.

Pour mieux comprendre
L’identification projective, désigne le fait de projeter sur l’autre, des caractéristiques valorisantes de préférence afin de s’y reconnaître. C’est la plupart du temps un mécanisme de défense pathologique classique chez les personnalités narcissiques, qui consiste à prendre possession de l’autre dans une tentative de contrôle et d’effacement. Les caractéristiques propres à l’autre individu sont alors niées.

 

Et qu’en est-il des victimes qui se demandent si elles sont perverses narcissiques ou non?

 

Témoignage
« Je me suis également demandée si ce n’était pas moi la manipulatrice perverse, c’est peut être moi le problème… Mais non! Ils aiment inverser les rôles nous faire culpabiliser nous faire passer pour coupable. »

Leurs motivations sont-elles si différentes de celles des usurpateurs?  Nous pouvons également réfléchir sur la motivation inconsciente de cette interrogation. Est-ce une question qu’elle se pose à elle-même, donc une remise en question personnelle, ou une question qu’elle nous pose à nous, lecteur, donc une manipulation affective ?

En posant cette question, les victimes cherchent essentiellement, consciemment et inconsciemment, à être rassurées, à se situer et même s’identifier dans le chaos qu’est leur vie à ce moment-là.

Ces victimes ont souvent conscience d’adopter des « comportements manipulateurs », elles savent parfois que la souffrance, la colère les pousse à adopter momentanément des « comportements pervers »… et tout cela les troublent, les perturbent. Elles ne peuvent pas, pour le moment, renoncer à ces emportements qui vont à l’inverse de ce qu’elles souhaitent pour elles, et c’est normal, alors, elles culpabilisent. Elles posent et reposent cette question pour entendre, encore et encore,  la réponse sensée guérir. Et cette réponse doit forcément être négative. Pour atteindre cet objectif, on assiste parfois à de véritables manipulations affectives de la part de ces victimes qui ont impérieusement besoin de réassurance.

C’est un « fonctionnement » pervers, un « fonctionnement » manipulateur, mais ce qui le différencie de celui du pervers narcissique est son intention.

Chez la victime, poser cette question existentielle est une manière de se renarcissiser, une tentative désespérée de restauration d’un estime de soi complètement ravagé par le travail de sape du manipulateur pervers, d’acquérir une identité. En attirant à soi l’attention, la sympathie, la compassion, en étant vue, entendue, reconnue, la victime tente de panser ses blessures de l’âme.

Les victimes sont friandes de remise en question, à l’excès même, du moins en apparence, et cela fait partie de leurs failles ou faiblesses qui ont été amplifiées par l’effondrement de leur confiance en elles.

Pourtant, cela ne veut pas dire que ce sont de réelles remises en question. Il peut s’agir d’une action momentanée, sporadique, qui a comme objectif, une fois encore, de se rassurer, ou même s’approprier le statut de victime, « innocente » de préférence, afin de ne pas courir le risque d’une mise en doute, qui viendrait la mettre en danger.

Malheureusement, ce comportement, classique à un certain stade de reconstruction, peut, s’il persiste, finir par bloquer une réflexion saine qui permettrait de modifier significativement le comportement de la personne, et donc, embellir son futur.

Victimes comme bourreaux sont, dans les réseaux sociaux, sur un terrain de jeux relationnel idéal, dont la chorégraphie est parfaite.

Sans pour autant plonger dans la paranoïa, il est important que toutes personnes sensibles, et encore plus les victimes de manipulateur pervers dont l’image de soi et le discernement n’est pas encore restaurés, préservent systématiquement un minimum de recul et veillent à ne pas se laisser séduire par le chant des sirènes. N’oublions jamais que, comme tout un chacun, ne sera écrit que ce que la personne veut bien partager d’elle-même, et ce qui la mettra le plus en valeur. Les défauts seront mis en sourdine et c’est bien légitime.

Tout ce qui est écrit, n’est pas nécessairement vrai! Que ce soit dans les forums, les livres ou la presse. « Ça doit être vrai, puisque c’est écrit dans le journal. » Combien de fois ai-je entendu cette phrase dans la bouche de tous ceux pour qui la  « chose imprimée » recevait automatiquement un label d’authenticité !

Le discernement est une qualité de l’esprit qu’il nous faut développer par la curiosité, le travail de recherche et celui d’une réflexion personnelle.

© Geneviève Schmit – 29 mai 2016

(extrait)

Inspiré du prochain livre rédigé par Geneviève Schmit et qui sera édité chez Fayard fin 2016


© Geneviève Schmit – diffusion

La reproduction intégrale de mon écrit est autorisée. Cependant, mon nom complet ainsi que le lien actif de la page du site internet https://www.pervers-narcissiques.fr est obligatoire. Vous remerciant de votre compréhension ainsi que de l’intérêt porté à mon travail, Geneviève Schmit.

Geneviève Schmit - Experte dans l'aide aux victimes de manipulateurs pervers narcissiquesGeneviève Schmit – Coaching thérapeutique pour les victimes de manipulateurs pervers narcissiques ©Geneviève Schmit, experte dans l’accompagnement des victimes de manipulateurs pervers narcissiques. http://soutien-psy-en-ligne.fr

mai 2016

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9 Commentaires

  1. Bonjour,
    Je viens tardivement sur ces articles. J’ai quitté mon mari en catastrophe il y a plus de 18 mois. J’ai tenu bon psychiquement en forçant, avec le soutien de ma famille proche et de certains collègue mais aussi de médicaments. Quand je les ai arrêté j’ai recommencé les prises de consciences et j’ai fait un burn out. J’ai trouvé du soutien médical et réalisé comme je me suis éloignée de moi même pendant mes 18 ans de vie commune. Voilà plusieurs mois maintenant que je travaille sur moi et les phases décrites dans cet article, je les ai traversées ou je suis en train de le faire. Et régulièrement le doute me reprend. Comment peut on tomber si bas? Existe il vraiment cet homme prêt à tout pour me détruire ? Puis je en protéger mes 3 enfants ? Je remercie tous les auteurs pour leur travail qui me permet de faire face au doute (3e clef du manipulateur pour prendre le contrôle ), et garder le cap sur ma guérison. Merci pour ces écrits qui viennent me confirmer la justesse de mon chemin, mais qui ont surtout permis à mon entourage, mon avocat, mes soignants de me croire, me comprendre et me soutenir. Car ma mère qui a vécu cela il y a 45 ans n’à pas eu cette chance. Et c’est les larmes aux yeux, que je profite de cet article pour vous remercier Mme Schmit, vous et vos confrères, qui m’avez sauvé la vie. Alors je vous souhaite une bonne continuation, et une belle guérison à tous vos patients

  2. Bonjour Geneviève,
    J’ai remarqué que chaque situation qui pourrait permettre au pervers narcissique d’enfin regarder en face son mal et de se remettre en questionètre et de peut-ètre décider de se faire soigner, ne faisait en fait que renforcer son état. C’est trés destabilisant. Comment convaincre un PN de suivre une thérapie et de s’y tenir, si on est la personne qui peut le décider ?
    Merci.

  3. Je sais qu’il est PN…Je suis partie 5 mois et, il est revenu à la charge avec de belles paroles. Je suis retournée en me disant: »Pourquoi pas? » Deux mois plus tard, il redevient le « monstre » voire même pire qu’avant. Car, il fait des menaces dans le style : »Si tu me fais un garçon, je le noie. » Devant ses clients qui sont prêts à témoigner.
    « Tue ton vieux chat. Ca sera plus facile avec le petit chaton (Qu’il avait abandonné et que j’ai pris en charge). » La fois d’après: » Tue le petit chaton. Il foutra la paix au vieux. » Toujours dans les 15 jours, il ajoute : » Si mes parents pouvaient déjà mourir. J’aurais la paix! »

    Qu’est-ce qui me retient de rester? Alors que je peux bien m’en sortir seule. Enfin, je crois. Si ce n’est que ma famille qui vit au Canada et mes amies qui ne savent m’aider…

    Serait-ce mon côté « Mère Thérésa » qui se sent coupable parce qu’il est tout à coup adorable? Pourtant, Dieu sait que je perds mon temps. Qu’est-ce qui me bloque, finalement? Je cherche la réponse. En vain….

  4. j’ai contacté une avocat spécialisée dans ce profil de personnalité concernant la situation avec le père de mon fils, sa pression en opposant un refus systématique à toute solution de scolarisation mais qui a pu se mettre en place car j’ai cédé à la prise en charge de tous frais financiers bien qu’à terme je ne puisse pas. cela parait anecdotique mais la pression menée sur l’avenir de mon fils et me tirer vers le bas par le stress, l’angoisse pour l’avenir de mon fils les difficultés financières qui vont suivre. Mars 1996 j’ai rencontré le père de mon fils. Séparée depuis mi-2004. il est très douloureux, angoissant voire mortel de subir la violence physique. Il est très douloureux de subir la violence mentale qui peut conduire à la mort par épuisement et destruction de ce que l’on est. Comment apporter la preuve de ce qui n’est pas marqué physiquement ? Je pensais qu’ une nouvelle défense juridique serait un rempart supplémentaire pour de nouveau essayer de me préserver et préserver surtout mon fils. Je ne sais plus. J’ai le sentiment qu’il n’y a personne à qui en parler car quels mots pourraient décrire une réalité si floue et complexe et qui peut nous reconnaitre victime ?

  5. Bonjour, je tenais à vous remercier de la qualité de vos articles. Ceux ci m’ont beaucoup aidée.
    J’ai rencontré mon compagnon il y a un an , qui sortait de 10 ans de vie avec une Pn, dans toute sa splendeur et ses excès.
    MoN compagnon ne cessait de me dire qu’il redécouvrait la vie, ce que je mesurais puisque le 1 er époux de cette femme a fini par se suicider.
    Je pense que le meme sort était réservé à mon compagnon s’il n’était pas parti à temps.
    Néanmoins, l’emprise était telle que le lien entre eux à ete maintenu, insultes menaces dévalorisation permanente, mon compagnon étant pris au piège de la culpabilité et de la dépendance.
    Le maintien du lien m’a ete cache. Jusqu’au jour où cette femme, en quête perpétuelle de relations sexuelles, lui a tendu un piège et ce qui devait arrivér arriva….
    Mon compagnon m’a expliqué ne pas comprendre son geste puisqu’il haut cette femme qu’il a quitté pour protéger sa peau. Je le soutiens.
    J’ai vu sa souffrance physique et morale lorsqu’il a enfin pu ouvrir les yeux.
    J’ai néanmoins du mal à comprendre comment on peut ressentir le besoin d’un contact physique avec une personne que vous haïssez et què vous passéz votre temps à fuir…
    Surtout que cette dernière pendant la vie de couple à passé son temps à le tromper…Votre aide m’est précieuse .
    Merci par avance.

    • Bonjour,
      Par son comportement addictif, votre compagnon est entrain de saccager votre relation et la confiance qui est indispensable.
      Ne vous comportez pas vous même en « sauveur »! Tout n’est pas acceptable.
      Que votre compagnon se fasse aider par un professionnel et AGISSE clairement pour se protéger lui même de … lui-même !
      Bon courage, Geneviève Schmit

  6. perso je tiens à vous informer que ce partage à eu un effet positif que j’ai ressentie et que je ressent encore depuis la lecture, comme si une mauvaise herbe c’était enlevé et qu’une graine de certitude c’est planté à la place. Pour moi c’est un cadeau. Un calme de plus en moi. Certes que j’ai été cherché, mais que vous avez déposé. Un merci de plus et le signaler me paraissait très important. Merci

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